Nous sommes toutes des déesses

"Quand un enfant est rêvé avant même d'être aimé, l'amour qui se déposera sur lui par la suite aura toujours le goût du ciel."

Jacques Salomé

Moi, mes enfants je les ai tous les trois tellement rêvés. La sorcière en moi, celle qui avait vécu un bon lot des arrière-goûts du terme si péjoratif, était loin de se douter du magnifique cadeau qui se tramait derrière. Car, quelques semaines à peine après avoir conçu mon premier enfant, je me suis réellement sentie comme une déesse, avec tout le lot de mystère et de fascination que cela comporte, j’étais en train de créer la vie.

J'ai toujours eu bien du mal à vivre ma vie, préférant la rêver, me laisser bercer par le flot de mon imagination. Ce sont mes enfants qui m’ont enracinées réellement sur la terre, me permettant d’apprécier la magie du quotidien, avec leurs éclats de rire et leur enchantement perpétuel. Grâce à eux, j’ai retrouvé la grâce donnée à la naissance, celle de s’émerveiller et de voir l’enchantement dans chaque petite chose. La beauté n’était plus simplement dans ma tête et dans ce que j’imaginais comme plus beau, elle était dans leurs yeux et à travers ma relation avec eux. Leur amour me nourrissait et je les ai nourris de mon amour comme jamais aucun être avant eux, sans réserve et sans crainte de les perdre un jour.

Je viendrai te prendre Je saurai te défendre Au-delà  des frontières Je foulerai la terre

Je tisserai des chants Au soir et au levant Un point pour chaque étoile Chanson de toile

Émilie Simon, Chanson de Toile

Au premier regard de chacun d’entre eux, tout comme Déméter, je me suis sentie prête à traverser les Enfers afin de les délivrer du malheur.

Car oui, à travers la création de nos enfants, nous sommes des déesses. Nous l’avons toujours été. Perdues, à travers les injonctions d’êtres sorcières, créatrices de vie nous sommes, quoi qu’on nous dise, quoi qu’on nous fasse. Nous avons de quoi être fières.

Et que nous soyons mère ou que nous ne l’ayons jamais été, cela n’y change rien. Un potentiel de création germe en chaque femme, seulement il s’impose à elles de différentes façons. Alors que l’une deviendra créatrice de mode, l’autre jouera avec les plantes médicinales, l’une écrira alors que l’autre tricotera pour son entourage. L’une soutiendra ses proches de façon indéfectible, avec tout son cœur et ses (parfois) faibles moyens. La déesse est proche quoi que tu en penses. Il s’agit simplement de laisser la guérison opérer, de laisser la graine, le potentiel germer. Il faut parfois une année entière pour s’y préparer alors que pour d’autres il en faudra dix ou même vingt. Mais la déesse sait attendre patiemment son heure, le moment de l’accueil où tu sauras lui ouvrir grands tes bras.

Une seule question demeure : est-ce que ta porte est ouverte pour la déesse qui vit en toi?