top of page

Ton pouvoir sacré

<Ton pouvoir Sacré: la méditation, la prière, les rêves, la création...

Steve Daniels‏

Enfant, j’avais l’habitude de passer par la petite porte céleste. Ce qu'on appelle les voyages astrals. Tout naturellement, sans aucun exercice conscient, je me voyais soudain me mettre à courir de toutes mes forces, alors que j'étais bien affalée au creux de mon lit, et puis mon âme passait dans l’autre monde, celui des êtres spirituels, le monde interdit. Je me mettais à voler, tout en voyant mon corps physique bien installé dans son lit et je sortais de la pièce, puis de la maison...On m’avait sérieusement mise en garde contre tout ce qui touchait aux êtres désincarnés, et si c’était le diable qui tentait de me prendre dans ses filets?

Néanmoins, malgré moi et avec cette peur sous-jaçente, je franchissais l’interdit chaque nuit et j’y ai vécu certaines choses qui ont marqué mon esprit à jamais. Malheureusement, plus tard, je crois que la pauvreté spirituelle de mon environnement, triste résultat de l’acharnement des prêtres catholiques à créer des peurs pour nous tenir dans le  rang, m'a privée de ma capacité à me connaître vraiment et à me fier à mon instinct. Le catholicisme entier, de génération en génération, a été façonné par des hordes de soutanes autoritaires et puritaines, n’ayant la plupart du temps eux-mêmes aucune intelligence spirituelle ni même d'expérience spirituelle en soi, ne faisant que répéter tel des perroquets, ce qu’on leur avait enseigné. 

 

Petite, à mes yeux, le monde réel c’était celui des âmes et non le monde matériel, jusqu’à ce qu’un événement tragique, un deuil profond, me plonge dans la réalité terrestre et me coupe de tous liens surnaturels. Envahie par une honte terrible, celle d’être différente, celle d’être ce qu’on doit tuer, faire taire, éliminer, je décidai de marcher seule dans l’ombre pendant des décennies…Je devins obséquieuse et soumise, faisant tapisserie pour tomber dans l’oubli. J’étais plongée dans la nuit noire de l’âme, celle évoquée par Jean de La Croix, et cela dura fort longtemps. Je me sentais seule, confrontée à la peur de l'inconnu. J’en vint à croire que je n’avais été qu’une enfant naïve et débordante d’imagination et qu’il était temps maintenant de devenir grande.

 

Tôt dans ma vie, les contes et légendes riches en diable et en fantômes égarés, moralisateurs à l'extrême, me fascinaient autant qu'ils m'effrayaient. Le but, à l'époque, était clairement de tenir le peuple éloigné des " tentations du mal". Ils trahissaient également l'incompréhension des gens face aux phénomènes paranormaux. Ces histoires ont façonné tristement mon paysage spirituel. Mon âme désormais plongée dans la noirceur, ma réaction à toutes ces peurs fut un fulgurant refus d'explorer à nouveau ma spiritualité. Pourtant, quand on y regarde de plus près, certaines de ces histoires ramènent à la nécessité de plonger dans l'obscurité avant d'être ramené à la vie. Peut-être était-ce là une façon pour l'inconscient collectif de se tracer un chemin vers une spiritualité plus consciente, malgré les règles religieuses de l'époque? Toujours est-il que la route vers plus de conscience peut parfois être inquiétante.  J'ai cru plus prudent, pendant un temps, de rester sur mes gardes. 

C’est ainsi que, plongée dans une profonde dépression, je ne pus que me rabattre sur les prières, Chaque soir je priais, priais et priais pour que l’on vienne me chercher. J'avais alors environ 9 ans. Dieu, vient me chercher, Dieu, j’ai accompli ce que je pouvais, je ne peux rien faire de plus ici sur cette terre…. Dieu, qu’attends-tu pour venir me chercher? Je cherchais, en silence, dans mes prières, un sens à ma vie et je n’en trouvais aucun. La foi et la confiance en mon intuition allaient bientôt se remettrent en selle, d'une curieuse façon.

 

Puis, un matin, je fis ce rêve d’une beauté intense…J’étais là, penchée à ma fenêtre, envahie d’un sentiment de perte éternelle. Et soudain le levé du soleil m’aveugla alors qu’une colombe blanche fonçait droit sur moi se transformant en lumière au niveau de ma nuque, envahissant ma tête en totalité et bien au-delà. Une paix profonde pénétra en moi. Que cela signifiait-il? Tout cela était en dissonance totale avec le vide intérieur dans lequel je baignais depuis des mois. Si j’étais protégée, à quoi cela rimait-il si au fond de moi je rêvais de mourir? Puis, j’ai repensé, jour après jour à ce rêve immense. Et il m’a redonné espoir. Je me suis sentie aimée, accompagnée. Je n’étais plus seule. 

 

C'est ainsi que j’ai retrouvé un peu de foi en moi. Parce que j'ai pu comprendre que ce rêve était destiné à redonner du sens à ma route. Nous sommes tous des êtres symboliques. Chaque événement, chaque détails de notre quotidien a une immense portée symbolique pour chacun d’entre nous même si nous en avons rarement conscience…parce que nous nous taisons. Souvent les gens ont des expériences de nature spirituelle mais n’en parlent pas , les langues se délient parfois devant l’audace d’une personne mais cela demeure très rare.

Dès la petite enfance, nous sommes victimes de l’adultisme ambiant, une sorte de scepticisme absolu, maladie qu’on nous inocule à un très jeune âge. Cette peur fabriquée à même les petites violences ordinaires, nous empêchant de demeurer connectés à notre instinct et de reprendre notre pouvoir. Cela fait de nous, bien trop souvent, des robots asservis au confort de l'adulte plongé dans sa propre confusion. Les rêves? Connais pas! Les fantômes? Ça n’existe pas, voyons! Il t’a agressée? Mais tu l’avais bien mérité!  Sois une jolie et gentille petite fille…Toutes ces petites violences font de nous des êtres éteints, se complaisant dans le confort de la routine, pour ne pas nuire, ne pas déranger, pour se conformer à la norme. Certains y sont tellement profondément plongés, à force de nier leur propre souffrance passée, qu’ils ne sont même pas en mesure de reconnaître cette peur profonde qui les ronge. C’est par leur hargne et toute les petites agressions qu’ils assènent à leur entourage ou, de nos jours, à travers leurs commentaires sur les réseaux sociaux, que nous les reconnaissons. En faisant violence aux autres, ils se sentent fort et insoumis alors qu’en réalité, ils ressentent l'inverse. Ils se font les grands défenseurs du système qui les ronges et les asservis et pourtant ils se sentent vides et inconsistants…cette peur de ne pas survivre sans, de ne pas y arriver seuls, de trop attirer l'attention, de n'avoir pas le droit d'être soi. Alors, vaut mieux être gris.

" Le honteux aspire à parler, mais ne peut rien vous dire tant il craint votre regard. Alors il raconte l'histoire d'un autre qui, comme lui, a connu un fracas incroyable. À la honte qui me fait me taire s'ajoute, si je parle, la culpabilité de vous entraîner dans mon malheur."

                                                                                Boris Cyrulnik

 

Pourtant, je suis convaincue que toutes les expériences, tristes ou joyeuses, de l’âme sur terre, dessinent une route vers notre nature profonde et sacrée. C’est à nous d’en découvrir le dessein et le sens par la méditation et la contemplation de toute la trame de notre histoire.

Longtemps, je n’ai rien compris à la prière ni à ce que cela pouvait bien réellement servir. Alors que je craignais de vivre, la prière ne m’a pas apporté le repos éternel, alors que je rêvais de richesses et de facilité, j’ai dû composer avec la simplicité et l'effort du quotidien. Cependant, avec le temps, j’ai compris que c’est dans la pratique du recueillement, de la méditation et de la prière que nous apprenons à réaliser l’entièreté de ce que nous sommes, sur le plan spirituel, bien au-delà de notre connaissance acquise au fil de nos expériences affectives. Et c'est là que réside notre pouvoir sacré, dans notre capacité à être autonome à travers notre cheminement d'âme.

J'ai réalisé, bien des années plus tard, que j'avais souffert d'un TSPT différé (trouble de stress post traumatique). Les professionnels sont peu au fait de ce trouble. Et lorsqu'on leur parle de TSPT, les gens pensent aux traumatismes de la guerre et non pas à une agression vécue dans un contexte quotidien. Il m'en a fallu du temps pour reprendre la maîtrise de mes rêves. Et pourtant j'étais fonctionnelle. C'était un mal invisible aux yeux des gens. Souvent nous n'en parlons pas, de peur d'être montrés du doigt.

Puis on parvient à trouver les solutions en soi, et l'on arrive à se reconnaitre à travers d'autres histoires. Nous trouvons des passerelles de guérisons, avec l'aide de professionnels, ou pas, de mille et une façons, à notre manière. Et, lorsque nous guérissons, ça dérange beaucoup l’entourage car nous nous comportons différemment. Ils ont l’impression de ne plus nous connaitre, nous devenons imprévisible…nous disons non à des choses que nous n’aurions jamais su refuser auparavant. Et c'est parfait ainsi parce que nous apprenons à nous respecter. Puis, à force de pratique et de discipline, en apprenant à nous aimer,  l'anxiété, ce sentiment immense d'être inadéquat, s'atténue ou disparait.

Et c’est ensuite, et seulement si, que la prière peut apporter ses petits miracles inattendus, lorsque nous sommes enfin sortis de nos peurs, de nos blessures et du cercle vicieux de nos drames intimes. La prière ne doit pas être une supplication pour se sortir de nos terreurs, comme on nous l'a malheureusement trop souvent appris. Elle est plutôt un espace d’amour de soi, de réflexion, de recueillement et de gratitude afin de créer l’expansion de notre conscience. Prier et méditer, c’est reconnecter avec son âme, la véritable source de savoir, afin de trouver la paix avec soi-même. C'est également aller à la rencontre de nos archétypes, ces personnages intérieurs puissants qui par leur sagesse universelle peuvent nous transmettre des messages ainsi que nous soutenir dans les plus grandes épreuves. La spiritualité est un chemin, elle peut être en constante croissance tout comme elle peut stagner pendant des années, prisonnière d'un ego blessé. Elle n'est jamais parfaite et elle demande de l'effort sur soi. Il s'agit d'une route très personnelle. 

Les réponses je ne les ai pas trouvées dans les églises, ni chez un gourou ni même chez les bouddhistes. Je les ai simplement trouvées en moi-même, à travers mes rêves, la rencontre de mes archétypes, les synchronicités, la méditation et l'intuition mais aussi à travers de bonnes personnes, de qui j'ai accepté le soutien. Alice Miller les appelait des témoins-lucides, car elles ont reconnu ma souffrance passée et m'ont permis de tourner la page. Les réponses sont autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Les guides se présentent sous mille et un visages, toujours faut-il savoir les reconnaître. 

références: 

http://www.douglas.qc.ca/info/trouble-stress-post-traumatique

https://drjudithorloff.com/7-strategies-for-empaths-to-heal-trauma-ptsd/

Le bout du tunnel, guérir du trouble de stress post-traumatique, Dr. Daniel Dufour, Éditions de l'Homme, 2018

Le corps n'oublie rien, Bessel van der Kolk, Paris, Éditions Albin Michel, 2018

La drame de l'enfant doué, Alice Miller, Paris, PUF, 1996

Mourir de dire: la honte, Boris Cyrulnik, Paris, Odile Jacob, 2010

Je résiste aux personnalités toxiques (et autres casse-pieds), Christophe André et Muzo, Paris, Seuil, 2007

Se libérer des relations toxiques, France Brécard, Paris, Eyrolles, 2017

fee-automne.jpg

Pour qu’ensemble, nous puissions sortir de la pauvreté spirituelle ambiante et reprendre notre pouvoir...

bottom of page